THE CURE.
Autant à l’époque on n’avait aucun mal à dire de ce groupe qu’il était new wave et/ou gothique, autant maintenant The Cure n’est pas très évident à situer. Dans une certaine mesure il annonce visiblement le mouvement gothique (vêtements noirs, rouge à lèvres carmin pour les garçons et les filles, préciosité vampirique, musique dark qu’on croirait sortie d’une église branchée sur secteur, mitaines et crucifix celtiques, etc) mais reste aussi tributaire, indubitablement, du mouvement punk. On ne se tromperait pas beaucoup en tous les cas, en disant justement qu’il s’agit d’une musique post-punk à tendance rock gothique. A l’instar de Siouxsie and the Banshees, Killing Joke, Adam and the Ants, Devo ou Bauhaus, The Cure vient se loger dans le creux de la vague punk, un peu comme si un tsunami venait de tout balayer et que ces groupes se retrouvaient à composer sur des ruines d’où peut-être ce peu de « joie de vivre ». Là où le punk flirtait avec les idéaux révolutionnaires et l’absence de Pouvoir, le post-punk va se rendre compte que la société à la fâcheuse tendance à tout récupérer, à tout phagocyter et que l’unique chose qui compte au fond c’est la poésie et l’irréductibilité de la mort (ce n’est pas pour rien que la chanson des Cure « killing an arab » fait référence à l’Etranger de Camus et à son existentialisme). Ceci étant dit, il ne faut pas croire que le post-punk soit toujours sous dépression. Dans une interview datant de 1989, Robert Smith le leader des Cure (qui se défend énergiquement d’être goth) déclarait au sujet de son (dark) album Disintegration qui venait de sortir : « ça parle juste de ce que je suis en train de faire, comment je me sens. Mais je ne suis pas tout le temps comme ça. C’est ça la difficulté d’écrire des chansons qui sont un peu dépressives. Les gens croient que tu es comme ça tout le temps mais c’est faux. C’est juste que j’écris précisément quand je me sens déprimé, c’est tout ». Certain(e)s ne jurent que par cet album, d’autres par Pornography (1982), album mythique écrit par Smith à l’âge de 20 ans. D’autres encore par l’album Boy’s Don’t Cry (80), qui est une « réécriture » pour le circuit américain du précédent album british Three Imaginary Boys (il y a des titres en moins et des titres en plus). C’est incroyable de voir d’ailleurs à quel point certaines des chansons de Cure vieillissent bien. On dirait même qu’elles se sont bonifiées avec le temps, comme pour le vin. Quand on jette un coup d’œil sur l’étiquette de la « bouteille » on tombe sur : Robert Smith (guitare et chant) né le 21 avril 1959 à Blackpool, Porl Thompson (sax), Simon Gallup (basse, clavier) et Boris Williams (batterie) né à…Versailles, France. Même si le groupe continue à jouer et qu’il a produit de bons albums dans les années 90, il n’en est reste pas moins que Cure est aux années 80 ce qu'est Hendrix aux années 70. Les Cure c’est les années 80 et les années 80 c’est cinq albums à écouter très fort sur ta chaîne : Boys Don’t Cry, Pornography, Disintegration, The Head on the Door (avec la chanson « Close to Me ») et Faith. Cure sans les années 80 c’est un peu comme une fleur sans parfum…